L’urbanisme à la Villeneuve fera toujours parler. Il y avait du monde, hier, à la mezzanine du Patio située 97 galerie de l’Arlequin. Dès 17 heures, entre 80 et 100 personnes avaient investi les lieux. En cause : le lancement des ateliers populaires d’urbanisme.
Les habitants, acteurs de la Villeneuve de demain
Des ateliers qui se tiennent dans le cadre du 40ème anniversaire de la Villeneuve. Mais aussi dans un contexte assez tendu, en pleines démolitions de l’aile nord du 50 et de l’extrémité du 130 galerie de l’Arlequin (voir encadré). Lors de sa brève apparition, Hélène Vincent, l’adjointe en charge de la jeunesse et du secteur 6 (auquel est incluse la
Villeneuve), a tenu à souligner « l’importance de parler de projets qu’ils ne soient pas encore actés ou qu’ils soient en cours d’investigation, comme l’aménagement des espaces publics ». Un souhait qui n’a pas empêché les habitants d’exprimer leur désaccord face à ces destructions.
Mais ce ne fut pas l’unique sujet abordé. Comme l’explique Alain Manac’h, du collectif « Villeneuve Debout », le but de ces rencontres, qui se dérouleront jusqu’en novembre 2013, est de recueillir l’avis des résidents du quartier pour savoir quelle Villeneuve ils souhaiteraient avoir dans 1, 10 ou 40 ans ».
Durant plus d’une heure réunis en petits groupes, les propositions n’ont pas manqué. Sonia, jeune habitante a mentionné le thème du logement. « Certains habitats méritent d’être rénovés; Il y en a qui restent de vraies passoires thermiques ». Un point partagé par Béchir, habitant depuis 1986, qui souhaite resserer les liens entre les copropriétaires et
les locataires. Pour Maïlys, étudiante, « créer du lien social et miser là-dessus reste primordial ». Mais la question économique était l’un des points très largement évoqués avec cette interrogation : comment créer et maintenir de l’activité économique dans le quartier ?
Alain Manac’h juge ce premier rendez-vous des ateliers populaires d’urbanisme « comme très satisfaisant. Toutes ces personnes présentes vont permettre à ce projet d’être mieux connu par la population. Chose essentielle pour ces ateliers, qui cherchent avant tout à relayer les doléances de tous les habitants.
Le collectif d’habitants « Vivre à la Villeneuve » opposé aux démolitions en cours
Un projet qui est loin de faire l’unanimité. C’est ainsi que l’on peut qualifier la rénovation menée actuellement dans le quartier de la Villeneuve, créé en 1972.
Il s’agit de l’un des grands chantiers urbains mené par la Ville. Débuté cette année, cette rénovation s’étalera sur une durée totale de trois ans. Financé à hauteur de 18,6 millions d’euros par la Ville, sur un total d’environ 75 millions d’euros, ce chantier vise à améliorer la qualité de vie des habitants, à renouer avec la mixité sociale et enfin à ouvrir ce quartier sur la ville.
Au cœur de cette réhabilitation, la transformation des ensembles bâtis de l’Arlequin. Des travaux au sein desquels la démolition du 50 et 130 de la galerie de l’Arlequin. Soit un total de 74 logements détruits sur les 1700 que compte cet endroit. André Béranger, du collectif d’habitants « Vivre à la Villeneuve », dénonce « cette mode de démolitions à tous prix ».
A la mairie, on estime que « ces travaux sont une nécessité. Même si certaines personnes sont contre, la majorité des habitants y était favorable ». « Faux, rétorque André Béranger. La municipalité a voulu avec ce projet marquer les esprits. L’union de quartier s’y est, d’ailleurs, opposée ».
Ce collectif juge que les 6 millions dépensés pour ces démolitions auraient pu mieux servir. Dans l’éducation ou encore dans la prévention, par exemple. « Nous pensons effectivement que le quartier doit être réhabilité mais en respectant l’avis des habitants, qui peuvent apporter une véritable expertise sur les problèmes rencontrés chez eux », poursuit-il.
A la suite d’une lettre ouverte à la ministre du Logement, Cécile Duflot, en juin dernier, le groupe sera reçu prochainement par des membres de son cabinet.
Dauphiné Libéré 8/12/12
Vivre à la Villeneuve 